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Pensées, témoignages, réflexions autour du yoseikan

Dernier ajout : 15 juillet 2013.

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Ceinture noire Premier dan... shodan....

lundi 15 juillet 2013

La ceinture noire... Ah ce bout de tissu qui est censé valider un haut niveau dans les arts martiaux pour celui qui n’en fait pas partie. "ouah ceinture noire ! tu dois être bon alors !".

Et pourtant...

Le début

1er dan : shodan. Non pas le premier Dan mais le "dan du début" littéralement... Du début ? Mais alors tous ces passages de grades ? tous ces Kyus passés avant ? Toutes ces années ? C’était quoi ?

Et bien un autre début, celui des déblocages, du dégrossissage, celui où l’on apprend à travailler, celui où on comprend que pour y arriver, l’ego doit rester en dehors du tatami, qu’on est pas un "gros naze" parce qu’on y arrive pas du premier coup par miracle... C’est aussi le temps des petites joies, des déceptions, le temps où les coups semblent ralentir et où, sans parler d’expérience mystique, plus humblement, on sait ce qu’on vient de prendre et un peu plus tard, ce qu’on vient d’éviter... On s’éveille, peu à peu, simplement.

Ce début là est extrêmement riche, difficile et apporte des connaissances bien au delà du tatami. Sur soit, sur les autres. On découvre que nos vérités, que nos croyances sont des illusions face à l’immédiateté du combat, face aux adversaires béotiens ou éclairés. Certains viennent le torse bombé, puis repartent, déçus de n’avoir pas trouvé des regards d’admiration devant un grand écart ou une agressivité débordante (on les soigne ceux là).

Chose surprenante, c’est qu’il est difficile de parier sur les trombines dans ces comptables, ces jardiniers, ces enseignants, ces étudiants... . Les grandes gueules aux muscles huilés s’écroulent quand les serpents à lunettes résistent, et ouvrent grand leurs oreilles et leurs yeux. Le kimono ne fait pas le moine...

J’arrive, avec ce premier dan, à un autre début donc, et ma ceinture autour de mon kimono n’est pourtant pas devenue noire pour me rappeler qu’en Yoseikan, ce début là se mérite, qu’on peut reculer. A part sur le papier, ou à la terrasse du bar, la ceinture n’est pas un acquis. Seul le travail, le regard tourné vers "ceux qui savent", vers "ceux qui veulent apprendre", vers "ceux qui veulent partager" permettra de progresser encore et surtout, de ne pas régresser...

Progresser... mais pour quoi faire ?

Je me pose encore la question. Au moment ou j’écris ces quelques lignes, je sais simplement que je suis venu au Yoseikan, passionné par les arts martiaux en spectateur et pratiquant éclair d’Aikido et de Karaté. Je suis venu avec l’idée qu’il y avait "tout" en Yoseikan et qu’à ré-essayer un art martial, autant prendre un pack luxe... Ensuite, peu à peu, j’ai découvert que ce pack-luxe prenait la taille d’une montagne, puis d’un massif et que plus j’avançais, plus les chemins se séparaient, plus ils grimpaient, plus la nature du sol changeait. Lorsque je pensais avoir gravi une montagne, je m’apercevais que je venais de gravir une petite colline, découvrant un nouvel horizon... plein de nouvelles montagnes.

La super métaphore

Pour arrêter la métaphore convenue, je comprends maintenant qu’il n’y a pas d’Everest en arts martiaux, en dehors du système de compétition, de ses règles précises, de ses gloires éphémères. Hiroo Mochizuki doit certainement débuter chaque jour car ses connaissances sont remises en cause par une chose simple : nos corps évoluent, et chaque jour nos acquis doivent en prendre compte. Le risque sinon, c’est de se mentir, de se faire mal ou de s’arrêter. Et bien sûr, il y a cette valeur fondamentale, peut-être spécialement dans notre club, c’est qu’en montagne (je recommence), on grimpe tous ensemble (là tu peux verser une larme, lecteur émotif).

Un cobaye en blouse blanche

Alors pourquoi progresser dans les arts martiaux... et pas dans un "sport" ? Pourquoi ai-je choisi cette voie ? Peut-être parce que le combat existe dans toutes les espèces, toutes les nations et qu’on touche, sur le tatami, face à son partenaire, à un bout de vérité, essentiel, loin de facebook et du JT ou de son mag de psychologie. Une vérité, sur soit, mais aussi sur l’humanité très certainement. Allez j’ose, c’est une expérience, tout simplement.... je suis un cobaye en blouse blanche...

Vivement les prochains débuts et à l’année prochaine !

JM